Interview de Maria Jesus de Pedro, conservatrice au musée de la préhistoire de Valence

Maria Jesus de Pedro

Tout d’abord, en quelques mots, pourriez-vous s’il vous plaît vous présenter ainsi que votre métier de conservatrice du musée de la Préhistoire à Valence, en Espagne ? 

Le musée de la Préhistoire de Valence (Museu de Prehistòria de València) a près de cent ans. Il est dédié à la préservation de l’héritage matériel des sociétés qui occupaient nos terres, du Paléolithique à l’ère wisigothique. De plus, le musée étend son activité à différents sites archéologiques en cours de fouille qui, dans certains cas, ont été muséalisés ou valorisés pour l’accès du public. Les salles permanentes du Musée datent de 1995 et, récemment, une rénovation muséographique a été effectuée, dans l’espace correspondant aux « sociétés de chasseurs-cueilleurs de la préhistoire ».

Quant à moi, en tant que conservatrice, je m’occupe des collections de protohistoire du musée depuis plus de 30 ans, en particulier de l’âge du bronze. Avec des projets de fouille et de recherche, l’élaboration de protocoles pour la conservation des pièces, la gestion des programmes d’exposition, etc. Actuellement, en tant que directrice du musée, la gestion administrative et économique occupe une bonne partie de mon travail : prêts d’exposition, dépôts de matériaux, demandes diverses, etc.

En Espagne… on vit à l’heure espagnole, tout est ouvert plus tard. Alors concrètement, que change la Nuit européenne des musées ?

Le musée est habituellement ouvert tous les jours sauf le lundi de 10h à 20h. C’est donc déjà une large plage horaire. Pour la Nuit européenne des musées, nous ouvrons jusqu’à 1h du matin. C’est un vrai horaire de nuit ! Et nous prévoyons des visites, des ateliers, des manifestations.

Depuis le Covid, le public a hâte et envie de retrouver le chemin des musées. Qu’attendez-vous spécialement cette édition 2022 de la Nuit européenne des musées ?

En 2020, à cause du Covid nous n’avons rien pu organiser. En 2021, toujours dans le contexte Covid, nous avons adapté notre participation à la Nuit européenne des Musées avec les réseaux sociaux et des capsules d’information. Maintenant, pour l’édition de 2022, nous espérons rencontrer à nouveau notre public « en vrai » avec des visites thématiques à la carte et des visites guidées des expositions temporaires. Avec certaines restrictions bien sûr, mais toujours avec beaucoup d’envie.

Pour cette année nous avons maintenu tout d’abord la gratuité ainsi qu’un contrôle strict des groupes en limitant la capacité d’accueil. Nous sommes bien sûr vigilants quant à l’utilisation du masque en intérieur. Nous maintenons les activités au maximum mais en nous adaptant aux circonstances, ainsi nous renforçons les événements de petit format et nous améliorons notre présence sur les réseaux sociaux.

Votre musée a rejoint l’opération de la Nuit européenne des musées quand ?

Notre musée participe activement à la Nuit européenne des musées depuis 2006. Depuis nous avons reçu un large public dans différentes configurations. Soit dans les salles d’exposition, soit pour participer aux ateliers dans la cour, nos « patios », soit pour goûter à une spécialité culinaire liée au thème de la nuit.

Qu’est-ce que vous inspire la dimension européenne de la Nuit des musées ?

C’est passionnant ! Malgré les spécificités linguistiques ou culturelles de chaque pays, le même esprit nous émeut cette nuit-là et nous rapproche de nos voisins. L’idée de savoir que, ce soir-là, au même moment, dans différentes communautés et pays, des activités liées aux musées sont menées, grâce aux efforts et la créativité des personnes qui travaillent dans les musées, c’est très inspirant.

Pour finir, comment compléteriez-vous cette phrase : « La Nuit européenne des musées, pour moi, c’est… »

Une nuit de travail d’équipe à laquelle tout le personnel du musée collabore. Une nuit de proximité de notre public le plus fidèle, des gens de notre quartier et de notre ville, par exemple. 

De plus, en ces temps d’anxiété, à cause de la pandémie et maintenant à cause de la guerre en Ukraine, c’est aussi une occasion de réfléchir à notre unité à travers le monde de la culture et du patrimoine… et à notre fragilité en tant que communauté.