Interview de Sibille Wsevolojsky, médiatrice culturelle à la Réunion des Musées Métropolitains de Rouen

Sibille Wsevolojsky, médiatrice culturelle à la Réunion des Musées Métropolitains de Rouen.

En quelques mots, pourriez-vous vous présenter ainsi que votre travail à la Réunion des Musées Métropolitains de Rouen ?

Je suis médiatrice culturelle chargée de projets depuis dix ans. Derrière cette appellation quelque peu énigmatique, mon travail se scinde en deux parties. D’une part, je fais de la médiation, donc toute action entre le visiteur et l’œuvre d’art. Au-delà de l’aspect oral de ce travail, il y a aussi l’aspect écrit, notamment avec l’écriture des cartels. D’autre part, avec ma casquette de chargée de projets, je m’occupe des événements et du suivi d’exposition en pensant leur médiation, de concevoir les parcours enfants ou la programmation artistique etc…

 

Après 2 ans de covid, comment sentez-vous le public ? D’après-vous, qu’attend-il, de quoi est-il en recherche ?

L’année dernière, nous avons tout de même pu avoir la chance d’organiser une Nuit européenne des musées, à une date inhabituelle. Nous n’étions pas sûrs que le public serait là, et, bonne surprise, il a répondu présent !

Avec le Covid, on a parlé du monde « d’après », mais je crois que les gens ont surtout envie de retrouver leur vie d’avant, leur vie normale avec des marqueurs artistiques connus. Le public a besoin d’échanges, on le ressent dans notre travail de médiation. Je pense à l’exposition que nous organisons « L’art et la matière, prière de toucher » : c’est un vrai succès : on l’espérait mais on ne s’attendait pas à une telle ampleur. Les gens ont envie de sensations physiques et avec cette exposition, ils s’abandonnent à la sensation du toucher. Il y a un besoin de reprendre contact presque charnellement avec ce qui nous fait hommes et femmes.

 

Quel dispositif avez-vous prévu pour la Nuit européenne des musées ? Que ferez-vous le 14 mai au soir ?

Nous avons orienté cette édition de la Nuit européenne des musées vers les sens en éveil. En plus de la vue, nous aurons recours à l’ouïe, au toucher et  à l’odeur… Pour le goût, nous aurions aimé mais avec le risque de port du masque, il valait mieux éviter !

Nous sommes aussi très vigilants pour que nos propositions puissent être abordées par tous les publics. Elles sont donc inclusives pour les personnes en situation de handicap avec de l’audiodescription ou de la langue des signes par exemple.

Quant à moi, le 14 mai au soir, je courrai ! Pour vous donner une idée, je fais environ 12 kilomètres pour une Nuit européenne des musées. Ça commence dès le matin avec l’accueil des artistes, je passe ensuite de site en site pour m’assurer que tout fonctionne, et le soir, quand l’événement commence c’est la course. Autant vous dire que je chausserai des baskets le 14 mai au matin !

Je profite tout de même de la Nuit européenne des musées avec les sourires des visiteurs ou en entendant des bribes des échanges.

 

Médiatrice de jour, médiatrice de nuit : qu’est-ce que ça change de faire découvrir des œuvres la Nuit ?

La Nuit européenne des musées a ceci de particulier que l’on accueille beaucoup de primo-visiteurs. Nous faisons donc très attention à proposer des formats courts (entre un quart d’heure et une heure) pour que l’on réalise que les musées sont faits pour tout le monde.
La Nuit européenne des musées, c’est aussi le rassemblement de publics très divers, des familles, des jeunes, des plus âgés, de la visite plaisir de personnes qui sortent du restaurant et qui voient le musée ouvert… c’est un joyeux bourdonnement !

 

Votre meilleur de la Nuit européenne des musées ? Avez-vous une anecdote particulière ?

Mon meilleur souvenir c’est l’idée folle de faire un bal pour la Nuit européenne des musées. Le public s’était mis sur son 31, les maîtres de bal étaient en costumes d’époque. Il y avait plusieurs sessions de bal, de l’historique, du folk, un DJ set… Pour le coup, j’avais mis des talons !

 

Si vous deviez compléter cette phrase : « Pour moi la Nuit européenne des musées, c’est… » ?

À chaque Nuit européenne des musées, je me sens comme une petite fille qui découvrirait un cadeau : derrière le papier-cadeau, il y a toujours une surprise !