Interview de Stéphane Granger, professeur d'arts plastiques au lycée La Merci de Montpellier

Stéphane Granger, professeur d'Arts Plastiques au lycée La Merci de Montpellier.

En quelques mots, pourriez-vous vous présenter ainsi que votre travail ?

Je m’appelle Stéphane Granger, je suis professeur d’arts plastiques en lycée, de la seconde à la terminale pour les élèves en option facultative et pour ceux qui ont choisi cet enseignement comme spécialité. Je travaille au lycée La Merci de Montpellier depuis plus de dix ans. Je suis aussi professeur d’histoire de l’art et de démarche artistique pour une école supérieure internationale des métiers du cinéma, des effets spéciaux, de l’animation et du jeu vidéo.

En parallèle de ma carrière d’enseignant, je suis aussi artiste, j’ai une formation des beaux-arts. Ma pratique graphique se situe entre l’art et la photo.

 

Comment avez-vous connu le dispositif La Classe, L’œuvre ? Comment présenteriez-vous La Classe, l’œuvre ?

J’ai connu ce dispositif avec le musée Fabre qui est une institution montpelliéraine. Pour moi, La classe, l’œuvre recouvre deux points importants : d’une part les élèves ont la chance de pouvoir aller dans l’institution muséale ; d’autre part, La Classe, l’œuvre leur permet de découvrir des œuvres et de travailler dessus. Avec ce dispositif, les élèves ont un travail de médiation entre l’œuvre et le public : ils montrent le travail qu’ils ont fait autour d’une œuvre et peuvent en parler aux spectateurs.

 

Qu’est ce qui est prévu cette année ?

Cette année, le musée Fabre a choisi une œuvre du sculpteur Jean-Antoine Houdon, un sculpteur des Lumières. La sculpture représente un écorché (un être humain sans la peau), l’œuvre a été choisie dans le cadre d’un partenariat avec la faculté de médecine de Montpellier.        

En suivant les orientations données par le musée, je la vois comme une occasion de travailler sur le nu et la représentation du corps. Quelle monstration du corps, quels médiums utiliser… ce sont des questions intéressantes pour nos élèves qui ouvrent aussi vers des questions éthiques.

 

Quand vous leur en avez parlé, comment ont réagi vos élèves ?

Quand je leur présente le projet, ils sont à la fois enthousiastes et parfois décontenancés lorsqu’ils découvrent les collections du musée Fabre. Par exemple, les années précédentes, l’œuvre de Daniel Buren sur le parvis, les Pierre Soulages : ils ne sont pas habitués ! Pour les terminales qui participent cette année, c’est particulier : je les ai connus en seconde, on avait commencé à travailler dessus avec un projet différent, relatif aux arts décoratifs, ils étaient émerveillés… et le Covid a tout mis par terre.

 

Au sujet du Covid, quel effet a-t-il eu sur les élèves et leur fréquentation des musées ?

Ils vont moins au musée, la dynamique n’est plus la même. La Nuit européenne des musées est une occasion de faire revenir ce réflexe.

 

Vous vous souvenez de votre première participation à « La Classe, l’œuvre » ?

Je m’en souviens bien ! C’était en 2016, les élèves étaient très impressionnés en arrivant au musée. Ils s’étaient tous habillés « en grande tenue » pour être à la hauteur de l’institution. Ils m’ont demandé si, vraiment, ils allaient jouer les médiateurs. Et ils l’ont fait. En travaillant sur une œuvre et en la présentant, ils franchissent un cap de maturité.

 

Si vous aviez une anecdote à nous raconter, laquelle serait-elle ?

Nous avons auparavant déjà travaillé avec d’autres sculptures de Houdon, qui à l’origine avaient été conçues pour une bibliothèque, dont on ne sait que peu de choses. A ce moment je recevais en stage une étudiante en architecture, qui a permis aux élèves de concevoir et réaliser la maquette de cette bibliothèque au sein des ateliers de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Montpellier. Ce partenariat entre le lycée, le musée, l’ENSAM, qui a aussi impliqué le CAUE 34 a été extrêmement fécond.

 

Si vous deviez compléter cette phrase : « Pour moi la Nuit européenne des musées, c’est… » ?

Pour moi, la Nuit européenne des musées, c’est un moment attendu, un rendez-vous de chaque année pour faire découvrir aux élèves un nouveau rapport à l’œuvre. C’est un moment dans leur parcours scolaire où ils sont présents comme acteurs au musée avec des enjeux nouveaux pour eux.