Lumière sur les métiers de l’ombre des musées

Artisans discrets d’une exposition, gardiens du patrimoine artistique, de sa valorisation, sa conservation et sa promotion, des professionnels aux missions très diverses représentent tout un monde, agissant de concert dans les bâtiments et les institutions pour impulser les découvertes dans les meilleures conditions. Immersion dans un musée fictif pour découvrir tous les métiers qui font vivre notre patrimoine culturel.

« Le beau perd son existence si l’on supprime les effets d’ombre ». Ces mots, empruntés à l’écrivain japonais Jun'ichirō Tanizaki, permettent de mettre en évidence l’importance de tous les métiers fondamentaux qui s’activent en coulisses des musées, pour honorer les œuvres et guider le regard des visiteurs. La Nuit des musées ne dure qu’une soirée, mais l’événement promet déjà l’accueil de milliers de visiteurs dans plus de 1 300 musées de France, 3 000 à travers l’Europe. C’est dire l’affluence qu’il faut anticiper, et la logistique spécifique à orchestrer pour promouvoir les arts, la culture et le patrimoine avec maestria.  

L’accueil, la vitrine des lieux 

Passé le personnel de caisse à la billetterie, lui-même piloté par un responsable des outils d’information et de la signalétique, nous emboîtons le pas de la directrice du musée vers les agents d’accueil et de surveillance, vigies des lieux, qu’ils connaissent « comme leur poche ». Ce sont un peu les sentinelles du musée, postées parmi la foule comme des ambassadeurs du savoir-être et des bonnes pratiques pour le respect des œuvres et du confort de tous. Du comptoir d’accueil aux rayons de la boutique, des petits salons aux longues galeries, ces gardiens de l’information et de l’orientation du public incarnent l’image-même du musée, la partie émergée d’un vaisseau où fourmillent des dizaines de savoir-faire. Plus tôt dans la matinée, les allées encore dénuées de curieux, c’était au tour de l’équipe sécurité de vérifier les installations puis de se répartir, aux côtés des techniciens de maintenance qui opéraient ce jour-là sur la partie électrique et la température des salles d’expo. 

L’orchestration en coulisses 

C’est avec enthousiasme que la directrice, tout en évoquant ses attributions sur la politique d'accueil, les achats d'œuvres pour enrichir les collections et la coordination des personnels du musée, nous conduit au-delà des espaces réservés au public, en marge des toiles et des statues éclairées, à la rencontre de ceux qui en ont fait leur spécialité. « Monsieur le commissaire » d’exposition, comme se plaisent à l’appeler les équipes avec espièglerie, détaille les thématiques à venir à la chargée de communication, qui ne perd pas une miette des informations qu’elle délivrera aux médias et aux professionnels du tourisme. Le commissaire, qui a pensé l’actuelle scénographie de A à Z, est déjà en réflexion sur les prochains événements qui se tiendront bientôt sous ce grand chapiteau. Fin connaisseur des arts, cet auteur, chef d’orchestre anticipe toujours pour faire vivre le musée. Autour du plan de l’établissement et des photos d’œuvres disposées sur une grande table en bois, la technicienne muséographe, qui travaille au montage et au démontage des expositions, celui qui réalise la signalétique, incontournable de la communication visuelle, mais aussi l’installateur, chargé de la manipulation des œuvres, programment leur intervention. Ils sont aussitôt rejoints par le programmiste et le maître d’ouvrage, chargés de leur faisabilité et leur application. 

Les protecteurs des arts  

Serpentant de nouveau dans les couloirs de pierre, nous débouchons sur une vaste pièce où éclatent de toutes parts le bronze, l’azur, le carmin et les parfums de vernis. Nous sommes dans l’antre du musée, une caverne secrète aux mille trésors confiés aux mains expertes des restaurateurs. En privilégiés, nous voici au cœur des collections sommeillant dans les réserves, dans lesquelles restauratrice et élèves, parés de blouses maculées de couleurs, sont au chevet des œuvres. Leur travail est de réinsuffler la beauté originelle de toutes ces œuvres dont ils se considèrent en quelques sortes les « médecins » ou « messagers ». Ici, d’anciennes estampes, là, des manuscrits, des natures mortes, des bustes…, comme autant d’enchantements et de défis pour leur Pygmalion. Dans une alcôve attenante, le repaire du conservateur se fond dans le décor : un environnement de choix pour cet érudit en histoire de l’art, fonctionnaire de statut, qui étudie, classe, entretient et valorise les œuvres qui lui sont confiées. 

Les promoteurs du savoir 

Sur le départ, les yeux pleins de toiles, nous saluons une dernière fois la directrice et la responsable de médiation présentes à la sortie du musée. Cette professionnelle clé de l’attractivité des expositions a dans ses dossiers des projets de conférences, d’ateliers et d’outils pour créer la passerelle entre les collections et les différents publics, scolaires, institutionnels publics et privés, entreprises… à renfort de nouveaux outils numériques et de supports multimédias. Elle est, à l’instar des guides conférenciers, des artistes plasticiens, ou des chargés d’éducation artistique et culturelle, un maillon essentiel de la vie du musée, de la transmission, de la promotion et de la mise en lumière des savoirs. 

Pour en savoir plus sur l’ensemble des métiers qui composent la toile muséale