Le programme initial de Gehry abritait, sur 17 000 m², une grande mixité de fonctions puisque l’American Center fait office d’ambassade culturelle américaine à Paris. Il doit aussi être un lieu d’accueil et de formation en proposant 26 logements, un restaurant, une cafétéria, une librairie, une agence de tourisme et d’information, une école de langue, une salle de spectacle de 400 places réparties sur trois niveaux, ainsi qu’une salle de cinéma de 100 places, des équipements informatiques et audiovisuels, des ateliers, des salles de répétition, des espaces pédagogiques, des salles d’exposition et des bureaux pour l’administration de l’association American Center. La partie culturelle occupait plus de la moitié des surfaces. Les commanditaires espéraient un objet extraordinaire qui se distinguerait dans son milieu urbain et qui traduise l’esprit de son temps et de son programme. Frank O. Gehry produit un emboîtement de volumes variés qui ressemble à un jeu de hasard architectural. La parcelle retenue est isolée des parcelles bâties voisines par des voies sur tous les côtés (certaines uniquement piétonnières). Elle est régulière et présente une forme approximativement carrée, de 50 m. de côté, avec un pan coupé permettant de disposer d’une façade sur le parc de Bercy. C’est cette façade qui reçoit le traitement si caractéristique de la signature de Gehry. Le bâtiment voisine avec une opération de logement en construction (Jean-Pierre Buffi, architecte, réalise alors l’essentiel du front bâti sur la rue de Bercy). L’une des contraintes du site réside dans l’obligation de construire un gabarit identique à celui situé de l’autre côté de l’accès au parc (actuel Novotel Bercy). En outre, un parement de pierre est lui aussi imposé, élément du cahier des charges qui déplaisait le plus à Frank Gehry dans ce projet. L’édifice est conçu comme un U entourant un vaste patio central couvert par une verrière. Les espaces et les volumes s’organisent en périphérie ce grand vide très lumineux destiné à l’accueil et aux échanges. Cet espace s’organise intérieurement sur deux niveaux, un hall en rez-dechaussée s’ouvrant sur la façade déstructurée et un hall supérieur sous la verrière, disposant d’un belvédère, les deux parties étant reliées par des escaliers. Ces zones de circulation sont dominées par un escalier et sa passerelle, situés dans les parties hautes de l’édifice, donnant l’illusion de se trouver dans une ruelle entre de hauts immeubles. Tout l’aménagement du grand hall joue sur la confusion des intérieurs et des extérieurs. Le bâtiment se développe sur trois niveaux en sous-sol et en équivalent R+7 en élévation, cette organisation générale cache près de quarante niveaux intermédiaires. La forme déconstruite de l’édifice rend obligatoire ce type de stratification. Lors de la reconversion, cet état de fait constituera l’une des données contraignantes majeures pour réaménager les distributions. L’Atelier de l’Île a dû tirer parti des espaces interstitiels et trouver des volumes creux pour augmenter les capacités du bâtiment. Ainsi, par exemple, l’une des poutres monumentales en béton, vide à l’intérieur, qui traverse tout l’édifice, a été percée, modifiée et réinvestie par des espaces utiles. A l’extérieur, l’entrée est marquée par une marquise inclinée surmontée par plusieurs volumes. Comme sur l’ensemble du bâtiment, ces empilements de volumes portent de multiples terrasses masquées aux yeux du passant par des parapets qui sont en continuité directe avec les façades et leur parement. Les façades nord-est et sud-est sont moins mouvementées que l’angle ouest, qui donne sur le parc. L’angle nord-ouest présente un enchaînement régulier d’ouvertures carrées ou rectangulaires (parties initialement prévues pour des logements, actuellement dévolues à des bureaux). Le bâtiment présente également des façades intérieures s’ouvrant sur la terrasse centrale, qui comprend en son centre le volume saillant de la grande verrière. L’élément majeur de cette partie est le massif arrondi dit « l’ananas », qui ne se révèle, lui aussi, que pour les usagers des étages. Les façades sont recouvertes de plaques de pierre blonde. Une fois passée la déception qu’il manifesta devant cette contrainte, Gehry choisit un calcaire jaune issu d’une carrière installée près de Chantilly dans l’Oise. Le parement est constitué de pierre mince, de 3 cm. d’épaisseur, cachant l’isolation extérieure. Les plaques dessinent un calepinage décalé formant la peau de l’édifice.
Cinémathèque française
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Localisation
51 rue de Bercy, 75012 Paris, France, Paris, Île-de-France, France
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