Qu’est-ce que l’année Cézanne ?
Il s’agit d’une célébration inédite de l’artiste à travers expositions, événements et rencontres. Le public est invité à redécouvrir Cézanne dans la lumière même où ses œuvres sont nées. Le point d’orgue sera l’exposition « Cézanne au Jas de Bouffan », au musée Granet, du 28 juin au 12 octobre. Cette rétrospective inédite retracera les quarante années passées par l’artiste dans cette bastide familiale. Plus de 130 œuvres venues du monde entier seront réunies pour la première fois à Aix, exposées dans la lumière qui leur a donné vie.
Mais l’Année Cézanne ne s’arrête pas là. Le Pavillon Vendôme reviendra sur les grandes rétrospectives consacrées à Cézanne. Le musée du Vieil Aix explorera ses relations avec ses amis et ses détracteurs. Plus qu’une commémoration, cette année est une immersion dans l’univers de Cézanne, une invitation à ressentir la puissance de son œuvre, là où tout a commencé.
L’exposition au musée Granet est une véritable performance avec des prêts venant du monde entier, pourriez-vous nous en dire plus ?
Les œuvres proviennent de musées prestigieux comme le Musée d’Orsay, le MoMA de New York, la National Gallery de Londres et le National Gallery de Washington, avec qui nous avons une relation privilégiée. En 2006, nous avions organisé l’exposition « Cézanne en Provence », qui avait attiré plus de 450 000 visiteurs. L’un des prêts majeurs de la National Gallery de Washington est le portrait du père de Cézanne lisant L’Événement, un hommage à son ami Zola qui écrivait pour ce journal.
La bastide du Jas-de-Bouffan, achetée par Louis-Auguste Cézanne, père de Paul Cézanne, sera son point d’ancrage entre 1859 et 1899. Il y réalise ses premières peintures, comme Les Quatre Saisons, directement sur les murs du salon. Plus tard, il traverse une période sombre et tourmentée, repeignant sur ses œuvres. Dans les années 1870, il commence à peindre en extérieur, capturant les paysages environnants, parmi ses sujets les plus célèbres. À partir de 1892, il revient à l’intérieur et réalise notamment des portraits de paysans ainsi que Les Joueurs de cartes.
Cette exposition réunira toutes les périodes de l’artiste. Pour la première fois, les grandes peintures murales du grand salon de la bastide seront réunies aux deux tiers, une reconstitution du salon réunira ces fragments, dispersés à travers le monde depuis plus de 100 ans. Dans le parcours de l’exposition, on retrouvera les grands thèmes chers à Cézanne : paysages provençaux, portraits, baigneurs et baigneuses, ainsi que ses natures mortes à l’huile et à l’aquarelle.
Quelle relation entretenait le musée Granet avec l’artiste ?
La phrase « Moi vivant, aucun Cézanne ne rentrera au musée », prononcée en 1900 par l’ancien directeur du musée Henri Pontier , résume bien la relation compliquée de la ville à l’artiste. Il aura fallu attendre 1984 pour que Cézanne entre dans le musée de sa ville natale. Cette année-là, sous l’impulsion du ministre de la Culture Jack Lang, huit peintures à l’huile du maître aixois y ont été déposées. Depuis, nous en exposons une douzaine parmi lesquelles le seul portrait à l’huile de Émile Zola.
À l’occasion de la Nuit des Musées, le musée ouvrira ses portes. Un événement spécial est-il prévu pour cette soirée ?
Oui, ce soir-là, la Petite Galerie Cézanne ouvrira ses portes gratuitement. Conçue pour les enfants de 3 à 12 ans, elle propose une approche pédagogique pour découvrir Cézanne à travers la manipulation et l’expérimentation, sans recourir aux nouvelles technologies. L’objectif est d’expliquer des notions complexes de son œuvre, comme le vide, essentiel dans ses aquarelles, où le blanc du papier joue un rôle aussi important que les touches de couleur.
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